Le fléau de la déresponsabilisation

Comment en est-on arrivé là? Voilà une question entendue récemment. Une question entendue depuis toujours lorsqu’une situation nous échappe.
Cette fois-ci la question concerne le degré de violence, d’incivisme, de doute de nos sociétés qui conduit ces dernières à détruire sans réflexion aucune, dans un aveuglement absolu et sans plan de rechange les repaires nécessaires à une modification positive qui conduit à l’évolution. Dans certains pays de nos contrées, plus que dans d’autres, on assiste à une véritable traque entre compatriotes pour asseoir des miettes de privilèges (ou croit-on les préserver) sous la houlette d’inconscients ou de démagogues, le tout menant inexorablement les individus vers une restriction accrue des libertés mais aussi et surtout vers une réalité, pourtant établie de longue date, qui est que la pauvreté du voisin ne fait pas de soi un être riche mais que seul un changement de système issu d’une nouvelle mentalité portera ses fruits. On en est loin, très loin.

Comme votre Magy l’écrit et le répète depuis un temps considérable, la parcellisation des évènements et conséquemment leur analyse fragmentée déforme le tableau de la réalité et éloigne la cause originelle dont sont issues toutes les répercussions contre lesquelles on s’acharne en vain. Comme aussi répété, il faut un sacré courage pour le voir, l’admettre, le digérer et agir. Mais rien ne demande autant de courage, d’abnégation et de sueur qu’un changement de mentalité. Il faut surtout une participation adéquate et harmonieuse de tous les acteurs de la société. Il faut non seulement un projet commun mais surtout un chemin que l’on a envie de suivre et dont le parcours est facilité par des guides sages et de confiance.

Tout commence par soi, s’étend à sa famille, son quartier, sa ville, son pays, sa relation avec tous les humains et donc comment chacun souhaite que l’autre agisse à son encontre dans le quotidien et dans n’importe quelle circonstance. La réciprocité est la grande absente de l’équation.

Mais peut-on y arriver quand le leitmotiv est la déresponsabilisation de l’individu?

Nonobstant le fait que chaque individu traîne ses compulsions, ses idées et ses croyances, ce dernier est de moins en moins soutenu par un encadrement social qui lui offre stabilité et réconfort. Bien qu’il se trouve paradoxalement dans une société dont il est de plus en plus dépendant, sans possibilité de réelle envolée personnelle, il devient un être égocentrique sans vision et sans respect qui exige une structure (donc les autres) qui le prenne en charge sans que cela ne lui coûte quoi que ce soit tant financièrement que de sa personne. Or, nous sommes tous l’autre de quelqu’un. Nous avons vu les détails de ce processus dans le dernier ouvrage de votre Magy « Éloge d’une société sous névroses ». Il se déculpabilisera au travers de levée de fonds pour diverses causes dont il est en soi à l’origine des implications directes ou indirectes ou s’investira dans des manifestations, des oeuvres de charité pour sauver des individus naufragés de la politique de son pays qu’il soutient pour son propre confort et ses propres intérêts. Désopilant et ubuesque est bien que les acteurs les plus influents de la société ne mettent en exergue ce paradoxe effrayant. Serait-ce là aussi se couper l’herbe sous les pieds et perdre prestige et finances tout bêtement et hypocritement?

Nous pouvons prendre, comme toujours, un exemple bien actuel qui pourtant a ses racines dans l’origine d’une pensée ancienne. Parlons des partis extrêmes. Ces partis qui glissent sur les émotions des conjonctures car ces opportunistes sont en phase avec le présent pour mener leur barque, faire parler d’eux et attirer les foules à eux.

Le réflexe de tout démocrate est de lutter contre l’avènement au pouvoir de ces partis qui prêchent des valeurs et des idées contraires à celles que nos sociétés ont définies comme acceptables, humaines et vivables pour chacun et chacune. Il serait sans doute intéressant que nous (re) clarifions et (re) redéfinissions les valeurs et codes que nos sociétés jugent éthiques, morales, humaines, fondamentales, ce avec quoi on ne tergiverse pas.

Premier vice de forme, ce sont bien les démocrates, nous tous, qui avons permis que des personnes aux idées nocives pour nos sociétés acquièrent le droit de se présenter (avec un parti) sur les listes électorales comme n’importe quel autre parti et ce par pur calcul électoral. A partir de ce moment, est-il surprenant que des individus ne soient plus freinés, se laissent aller à certains penchants sectaires et donnent leur voix à des démagogues qui rongent petit à petit tous nos droits chèrement acquis? Pour justifier cette hérésie, pour laver sa conscience on va se retrancher derrière le droit à la pluralité des idées socle de la démocratie. S’agit-il bien de cela? N’est-ce pas un raccourci facile qui ne fait qu’accentuer le déclin de nos sociétés et qui engendre un chaos et une violence accrus?

Notre vice de pensée ne s’arrête pas là. Pour renforcer la décadence de nos démocraties et empêcher toute évolution et pacification, nous trouvons tout à fait normal de prétendre que les électeurs des partis extrêmes n’ont rien à voir ni avec le parti ni avec son représentant principal. Là, Magy en perd son latin. On ne peut dédouaner une personne de ses actions et de ses choix qu’elle prend en pleine connaissance de cause. On ne peut la dégager de ses responsabilités sous prétexte qu’elle ne se retrouve pas dans les partis existants, ni qu’on lui a menti, ni que les politiques menées jusqu’à présent l’ont conduite à un sentiment de peur et de repli voir de haine pour une partie de ses compatriotes ou pour d’autres humains. Certainement pas quand dans un même temps on proclame, les acteurs de la société tous confondus, que personne n’est idiot.
Que voilà une grossière erreur! S’il faut faire une distinction entre les politiques et les populations quand on parle d’un pays, il est aberrant de le faire entre un parti et ses électeurs. C’est dédouaner un choix, une pensée, des actes, une idéologie. La déresponsabilisation entraîne la société dans le chaos. Il faut que chacun soit au fait des conséquences de ses actes. Les acteurs d’une société ne sont pas des enfants, ne veulent pas être considérés comme des enfants, dès lors ils se doivent de s’informer, de se comporter et d’assumer comme des adultes responsables.

Le manque de vision globale du système et l’incapacité de l’individu à se sortir de cette roue infernale couplé à cette politique de la déresponsabilisation font que l’individu se cramponne plus que jamais à des idéologies. Les idéologies sont comme des sectes. Elles sont régies par des dogmes, des lois, des codes. Elles empêchent les individus de progresser car elles les enferment dans une idée statique. La société s’en trouve appauvrie et divisée, en lutte permanente. Il est même dangereux de vouloir progresser et de s’adapter aux nouvelles situations au sein d’une idéologie (parti) puisque autant ses membres que les médias, experts et autres acteurs de la sociétés taxeront celui qui s’y risque de traître, de monstre ayant commis un crime inqualifiable.
Le démembrement et l’invraisemblable « pluralité » de ces gauches et droites en sont la parfaite illustration. La tentative d’adaptation sans oser s’affranchir d’une couleur, d’un nom qui sont censés orienter les citoyens vers une idée positive ou négative du parti. Ce qui en soi est absurde et délétère pour la société mais l’humain n’arrive toujours pas à s’en extraire.
Toute cette confusion mène à un repli et à un sectarisme néfastes pour tous et n’augure rien de bon pour le futur.

Prenons aussi ces fameux débats. Un thème, un évènement de l’actualité, un sujet de société est jeté sur le tapis et des protagonistes (journalistes, experts, scénaristes, avocats, « citoyen dit lambda », syndicalistes, économistes etc) se mettent à donner leur avis sur la question. On parle de pluralité des opinions. Mais de quoi s’agit-il exactement? Cela sert-il vraiment la cause de la société et de ce que l’on nomme nos démocraties? Pas toujours et pas vraiment. Lorsqu’on est obligé d’assister à des combats d’une violence égale à celles que ces participants sont censés commenter, on est en droit de se demander s’il y alimentation, calquage ou reflet.
Lorsqu’on est ahuri d’entendre des propos haineux, sectaires, mensongers, rétrogrades, s’agit-il encore vraiment de débats devant mener à une meilleure compréhension du sujet et permettant à tout un chacun sur une base cohérente de se faire son opinion?

Le plus troublant est très certainement l’incohérence et la confusion nées non seulement de cette parcellisation des idées/sujets traités sans les rattacher à leur source commune mais aussi au fait que ce seront dans la plupart des cas les mêmes protagonistes qui en débattront. De cette façon, dans la même journée ou le lendemain, ils défendront ou massacreront ceux et celles pour qui ils auraient pris fait et cause ou pas quelques heures auparavant. Insensé.

Pour qu’un débat soit utile à une société, il faut assurément une diversité des idées. Néanmoins, ces idées aussi différentes soient-elles ne peuvent aller à l’encontre de celles définies comme éthiques, morales et humaines par l’ensemble de la société dans laquelle nous avons choisi de vivre. Autrement, nous parlons de la mise en place d’un autre type de société dans laquelle nous acceptons d’autres valeurs et codes. On ne parlera donc plus d’amélioration et d’évolution de notre société mais d’un glissement ou d’une régression vers un autre type de civilisation où nos droits et devoirs et leurs applications ainsi que nos libertés seront tout à fait différents. C’est pourquoi minimiser la responsabilité de chacun lors d’un vote est inconcevable et paradoxal au vu de tous les débats sur les thèmes de société actuels comme le recul des droits de la femme, la ségrégation avec tout ce que cela implique, le climat dans toute son amplitude, le bien-être de chaque être humain.

Il est plus que temps que les acteurs influents de la société changent leur logiciel et essayent certes de s’appuyer sur l’expérience du passé mais sans vouloir le calquer sur le présent. Ils devraient se rendre compte qu’ils sont constamment pour la plupart avec un train de retard et/ou une analyse qui ne tient pas la route sur le long terme. D’où les ébahissements continus.
L’école est le lieu où les cours sur l’Union européenne et son actualité quotidienne doivent être donnés afin que nos jeunes puissent avoir un esprit ouvert, connaître les tenants et aboutissants, participer aux enjeux de leur futur, connaître leurs voisins et collaborer, voyager et apprendre.
Il faut aussi arrêter de dire, de croire que la pauvreté est synonyme de comportement violent et de délinquance. Le marteler est déresponsabiliser la personne de ses actes, c’est lui donner de permanentes excuses. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas Rothschild qu’on a le droit de jeter ses papiers par terre, de faire des rues des dépotoirs, d’attaquer les passants, de maltraiter les animaux, de cracher dans la rue, d’insulter les filles et les femmes, de ne pas respecter les forces de l’ordre et la loi. Le civisme n’est pas une question d’argent. Par contre l’incivisme crée une frontière encore plus grande que les barbelés entre les humains.

Que chacun prenne ses responsabilités, que chacun s’informe, que chacun fasse preuve de réciprocité positive (on pourrait encore l’interpréter dans l’autre sens mais oui oui) et redéfinisse en son âme et conscience ses valeurs et s’il y adhère vraiment en pratique pour obtenir la société qu’il souhaite.

Magy Craft
Tous les ouvrages de votre Magy sut Thebookedition.com


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